Il avait fallu batailler, patienter, essuyer plusieurs reports, tenir le cap malgré une constante incertitude, tant et si bien que dans les jours précédant la Soirée de Poche, alors que tout était confirmé, nous étions encore dans le fantasme. Nous préparions quelque chose d'irréel, et Feist, avant même d'être là, était à la fois bien concrète et insaisissable.
L'idée de Feist, c'est tout ce à quoi nous pouvions nous accrocher. Elle imprégnait la moindre de nos décisions, arbitrait toutes les conjectures, plaçait les lumières et guidait la main qui scénarisait la soirée. Nous étions aux ordres de notre fantasme, de l'idée la plus sincère que nous pouvions nous faire de la chanteuse qui allait arriver.
Le reste est là. Il suffira de deux images pour tout résumer : Feist en début de soirée, comme une gamine préparant une surprise. Feist en fin de soirée, posant son front sur le micro à la fin d'une chanson intense.