C’était sans compter le piano, que nous avions mis au milieu du salon. Sans compter les câbles, les pédales, les synthés, la batterie entière, la console qui prenait la moitié du lit dans la chambre exiguë. En d’autres termes c’était sans compter l’obsession sonore de Beach House qui avait pris le pas sur le reste, nous obligeant à composer avec.
Pouvions-nous leur en vouloir, à eux qui ont pris tant de soin à construire un son, des atmosphères, et qui savaient si bien ce qu’ils voulaient ? Pas vraiment, d’autant que oui, cela prit près de trois heures à nos équipes, mais au final, dès que Victoria commença à chanter, tout le monde fut éberlué par l’ampleur de ce son, qui emplissait chaque recoin de ce vieil appartement du Marais.
Ce ne fut pas fou, personne ne hurla, ne dansa. Mais ce fut fascinant, enveloppant, doucement chaleureux. Entre chaque chanson, Victoria lâchait son micro pour parler en Français. Puis les boucles se relançaient, et c’étaient des nappes qui tourbillonnaient entre chaque paire de jambes croisées sur le parquet. Juste de la musique, comme un coton, dans une semi-lumière.